Quels modèles agricoles pour la société française ? - ImPACtons!

Il n’y a pas UNE agriculture mais des mondes et des modes agricoles : grandes exploitations, petites fermes, production conventionnelle, agriculture biologique, à Haute Valeur Environnementale (HVE), agriculture raisonnée, agriculture intensive, agriculture extensive, agriculture durable, agriculture de conservation, agro-écologie, permaculture. Il y a donc autant d’agriculteurs que de relations à la nature et au territoire. De plus, l’agriculture peut avoir des effets positifs ou négatifs sur l’environnement.

Le secteur agricole bénéficie des aides de l’Union européenne, à travers la Politique Agricole Commune (PAC). Les différentes filières, exploitations et pratiques agricoles ne sont pas subventionnées de la même manière. Ces aides européennes, distribuées par les Etats membres, structurent et orientent l’agriculture de chaque pays.

C’est dans l’est de l’Europe, notamment en Pologne, en Hongrie et dans les Balkans, que les emplois agricoles sont les plus nombreux. C’est aussi là, ainsi qu’en Espagne, que leur contribution à l’économie de leur région est la plus importante. L’Europe de l’Ouest montre dans l’ensemble une position inverse : peu d’emplois et un apport modeste à la valeur produite dans l’ensemble de la région concernée. La France fait partie de ce groupe, même si la production viticole de qualité y donne localement un poids non négligeable à l’agriculture.
Avec très peu d’agriculteurs, l’Europe de l’Ouest produit l’essentiel de la valeur ajoutée de la branche agricole européenne. Sauf en Espagne, cette valeur ajoutée pèse peu dans l’ensemble du PIB, mais le contraste est évident avec l’Europe de l’Est et les Balkans, dont la production agricole compte beaucoup dans le système productif local mais contribue peu, en valeur absolue, à l’économie européenne.
En 2018, l’agriculture biologique en France c’est 41 600 exploitations agricoles, soit 9,5% des exploitations françaises. Le cap des 2 millions d’hectares cultivés a été franchi, représentant 7,5% de la SAU française (contre 6,5% en 2017). 69 % des produits bio consommés dans l’hexagone sont produits en France. A noter que la part d’exploitation est inégalement répartie entre les différents départements ; c’est en Ile-de-France que l’on trouve la proportion la plus importante d’exploitations biologiques.

Quelle agriculture voulons-nous pour notre société ? Que veut dire être agriculteur aujourd’hui ?

Le Plan Stratégique National, qui définit les priorités de la France dans ce domaine, est la base de notre réflexion sur le futur de l’agriculture française. Choisir des critères de distribution des aides, c’est choisir les modèles agricoles de demain.

Vos contributions sur ce sujet nous intéressent ! Nous vous soumettons notamment les questions suivantes, n’hésitez pas à nous en proposer d‘autres.

Nouvelles technologies et innovations : quels impacts, quelles opportunités pour le monde agricole ?

L’agriculture, ce sont des producteurs, des produits, des marchés, des consommateurs. Ce sont aussi des formations spécifiques, des appareils connectés, du matériel agricole de pointe, des nouvelles semences, de nouveaux services numériques, des algorithmes de prédiction des cultures, de la génétique… 5% de la Recherche et Développement (R&D) française publique et privée (soit 2,3 milliards d’euros) est consacrée à l’agriculture chaque année. Pour rester compétitif, faire face aux aléas climatiques, améliorer son rendement en respectant l’environnement, diminuer ses risques, faire son suivi commercial ou de marché, l’agriculteur du 21e siècle doit développer un panel important de compétences : il jongle entre un profil d’entrepreneur, de chercheur et de producteur. Cela peut amener l’agriculteur à être dépassé par les nouvelles technologies ou à en être dépendant, notamment dans un contexte de R&D mondialisé.

Quels innovations et modèles de recherche soutenir à travers les subventions de la Politique Agricole Commune ? Comment accompagner le développement de nouvelles technologies bénéfiques aux agriculteurs et à la société, tout en réduisant les risques de dépendance ? Comment former en continu les acteurs du secteur agricole aux innovations émergentes ?

Demain, quels agriculteurs et combien ?

Le nombre d’exploitants en France se réduit progressivement. En 2016, l’âge moyen d’un exploitant agricole était de 52 ans. En 2026, presque 45% des exploitants agricoles auront atteint l’âge légal de la retraite : le renouvellement des générations est un enjeu clé pour l’agriculture française. Comment rendre plus attractif ce métier ? Comment accompagner les nouvelles installations ? Avec quelles formations initiales et continues ? Quel est le rôle de la PAC pour soutenir le renouvellement des générations d’exploitants agricoles ?

Quelle que soit la taille des exploitations (petite, moyenne ou grande), les tranches d’âges élevées (+ 50 ans) sont les plus représentées.
On ne constate pas d’évolution significative entre 2010 et 2016 bien que que la taille moyenne des exploitations augmente. L’émergence des femmes en tant que chefs d’exploitation est particulièrement visible dans les grandes exploitations, dont la part progresse.
Le niveau de formation des exploitants, qui demeure dans l’ensemble inférieur à celui des autres branches professionnelles, montre deux différenciations internes bien marquées. D’une part, c’est dans les moyennes et grandes exploitations que le niveau de formation est le plus élevé. D’autre part, les plus jeunes sont bien mieux formés que les plus âgés.

Accéder à la terre quand on veut être agriculteur : comment ça marche ?

La transmission des exploitations est de plus en plus ouverte à des agriculteurs bien formés et extérieurs à la filiation familiale : faut-il freiner ou encourager cette dynamique ? Comment adapter la législation à ce phénomène ? De plus, compte tenu des évolutions de notre société, l’âge moyen à l’installation tend à augmenter : en 2018, sur l’ensemble des installations, 24,9% d’entre elles étaient assurées par des agriculteurs de plus de 40 ans, souvent issus d’une reconversion professionnelle.

Comment les aides de la Politique Agricole Commune peuvent accompagner et favoriser l’accès à la terre pour les prétendants à l’installation ? Quel poids l’augmentation du prix du foncier et l’artificialisation des sols auront sur ces dynamiques d’installation ?

Traditionnellement, la succession d’une exploitation se faisait essentiellement au sein de la famille. Ensuite, sont progressivement apparus des successeurs extérieurs à la famille, formés, motivés, et connus de l’exploitant. Aujourd’hui, les deux tiers des transmissions (65 %) se réalisent sans que l’exploitant ait choisi un successeur longtemps à l’avance, en fonction d’un « marché » géographiquement élargi des candidatures et composé de jeunes professionnels formés et porteurs d’un projet d’entreprise.

Revenu agricole : comment relever le défi ?

Le niveau de revenu des agriculteurs constitue un réel enjeu pour la profession. Il peut varier considérablement en fonction des filières de production et des territoires et dépend beaucoup de la volatilité des prix tout comme de la chaîne de valeur agroalimentaire. Les aides de la Politique Agricole Commune soutiennent fortement le revenu agricole. Ces aides ne garantissent cependant pas une bonne santé économique et une productivité satisfaisante à toutes les exploitations agricoles. Quel modèle économique pour l’agriculture de demain ?

Les exploitations qui choisissent l’agriculture biologique s’en sortent mieux que les autres, et l’écart s’accroît, alors qu’elles sont plus petites en moyenne.
Répartition de l'emploi agricole en france

Quelle évolution des pratiques d’élevage ?

Parmi les nouvelles motivations concernant le choix des aliments, le bien-être animal devient un critère de plus en plus présent. Plusieurs éléments convergent : le souci de la souffrance des animaux d’élevage, la popularité croissante des courants végétariens, végétaliens et végans, en particulier chez les jeunes ou encore la prise de conscience du poids de l’élevage dans les émissions de gaz à effet de serre. Faut-il considérer la diminution des souffrances des animaux d’élevage comme un label de qualité ou comme un impératif moral ?

La consommation de viande baisse en France comme dans l’ensemble de l’Europe depuis vingt ans, alors même que le niveau de vie a augmenté. Il s’agit d’un changement des goûts alimentaires qui touche la « viande rouge » de bœuf ou d’agneau mais aussi les charcuteries. Seule la volaille (dont la courbe ressemble à celle de la consommation poisson) récupère une partie de cette baisse.

Mais la question de l’élevage ne se résume pas au bien-être animal. Du mode d’élevage dépend aussi le type d’alimentation des animaux. Comment gérer, par exemple, le problème du déficit français de production de protéine végétale pour l’alimentation animale ?

Comment valoriser davantage la contribution que l’élevage apporte déjà à la biodiversité, aux paysages et à l’entretien d’écosystèmes ?

Une agriculture sans élevage peut-elle réellement être durable ? Les animaux d’élevage et les cultures sont-ils indispensablement complémentaires ? Si c’est le cas, dans quelles conditions ?

Comment s’organisent les filières productives agricoles ?

Chaque type de production (laitière, bovine, maraîchère, etc.) a sa particularité, ses dynamiques, ses contraintes, ses territoires, ses impacts.

Cette carte résume la grande diversité des spécialisations agricoles en 2010 en France : grandes cultures dans la moitié Nord et dans les grandes vallées fluviales, élevage laitier en Bretagne et dans les montagnes, production de viande dans le centre, fruits et vigne au bord de la Méditerranée et quelques vignobles de qualité dans certaines régions.
Enfin, on constate que selon les régions, l’orientation dominante des exploitations de la région se combine plus ou moins à d’autres spécialisations.
Cette carte résume la grande diversité des spécialisations agricoles : la grande culture dans la moitié Nord de la France et dans les grandes vallées, l’élevage laitier en Bretagne et dans les montagnes, la production de viande dans le centre, les fruits et la vigne au bord de la Méditerranée et dans quelques régions de vignoble de qualité. À ce portrait bien marqué, s’ajoutent des différences portant sur les autres spécialisations dans chaque département. La carte des orientations secondaires montre que si la monoculture domine dans certains espaces (comme la vigne dans le Bordelais ou les céréales dans la Beauce), ce n’est pas le cas partout. L’Ouest, d’une part, et une grande moitié sud-est du pays (hors littoral méditerranéen), d’autre part, se caractérisent par des associations entre agriculture et élevage ou de deux types d’élevage. Comme la somme de la première et de la seconde orientation sont souvent loin du total, on peut déduire que la diversité des pratiques reste très marquée dans une bonne partie du pays

Les filières sont d’ailleurs soutenues par les subventions de la Politique Agricole Commune, de manière différente.

Comment rendre chaque filière à la fois productive et vertueuse ? Comment se portent les filières aujourd’hui ? Et demain ?

Pour aller plus loin